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L’Ariège

Un département qui cultive la discrétion et protège ses trésors.

Une forme déterminée depuis plus de 4000 ans Avant J.C. !
C ‘est dire que l’Ariège, ayant traversé des siècles et des siècles n’a plus rien à prouver ! Entre glaciers pyrénéens, plaines, pacages, alluvions… Si les variations climatiques ont souvent perturbé l’Ariège, la nature y est généreuse.

L’Aurigera, l’Ariège.
Une rivière qui doit son nom aux gaulois pratiquants l’orpaillage (Aurigera). L’orpaillage en Ariège, fut une activité économique réglementée et saisonnière. Aujourd’hui grâce à des démarches soutenues par les défenseurs de l’orpaillage de loisir, un arrêté préfectoral mis à jour pour 2021 le réglemente et le classe dans les activités de loisirs. L’orpaillage ne reste pas dans la boîte aux souvenirs.

Nature. Histoire. Art. Culture
Il suffit d’arriver aux portes du département : il se passe quelque chose d’étonnant, une impression d’ailleurs, un dépaysement quasi immédiat. Des vallons, des forêts, un camaïeu de vert à perte de vue. Nichée entre Pyrénées, Espagne, Andorre, l’Ariège n’a rien perdu de ses traditions et la nature a gardé toute sa vérité, toute son authenticité. Les vaches paissent calmement dans les près le long des routes, les moutons font transhumance et les chevaux se promènent naturellement. L’Ariège est un département non seulement de nature mais aussi d’Histoire, d’art et de culture : grottes préhistoriques, châteaux cathares, Cathédrales, et villes médiévales, églises romanes…

Sur la route de Saint Jacques
Entre montagnes, plaines, rivières et chemin de balades, ici, quelle que soit la saison, la nature offre tous les registres. Et le cadre, où que l’on soit, reste toujours propice à la détente, au repos, au farniente observateur et aux sports de pleine nature. Sans oublier l’universel chemin de Saint Jacques de Compostelle. Le fameux GR 78, bien connu des pèlerins qui peuvent décider de prendre l’un des 4 chemins qui conduisent à la Cathédrale de Saint Jacques. L’un des chemins, celui du Piémont Pyrénéen, voie littorale, passe dans le département de l’Ariège dont un arrêt est visible à Saint Lizier.

Et du chemin des Cathares
Impossible d’occulter le catharisme dont l’Ariège est un haut lieu. Un peu d’étymologie,
Cathare vient du grec « Katharos » et signifie « pur ». On comprend mieux le pourquoi de l’idéologie Cathare !
Au XIIe siècle vont se développer quelques variantes religieuses. Certains prédicateurs, tous issus du christianisme se disaient les seuls vrais disciples des apôtres, pratiquant comme eux la pauvreté absolue et le travail de leurs mains pour vivre. Une idée mise en avant par les Cathares : il existe 2 mondes, l’un bon, l’autre mauvais. Le bien, le mal, l’éternelle dualité de la vie, du monde, des êtres humains. C’est ici en Ariège que le village Montségur, entré dans la légende, fut occupé par une communauté Cathare et devint un lieu dissident. Assiégé et pris en 1244, 2000 cathares furent brulés ! On est spirituellement, loin du chemin de Saint Jacques de Compostelle !

S’aventurer au gré des petites routes et se laisser porter
Un peu à la façon du marcheur qui ignore souvent ce qu’il va découvrir, ici, les petites routes réservent bien des surprises ! Par exemple, à Tourtouse un horloger qui ne s’attarde que sur les pendules et horloges anciennes, un lavoir de pierre comme on n’en voit plus, une terrasse pleine d’objets peut-être une brocante ? A savoir. Un artisan créateur de meubles qui porte le nom d’un musicien. A Montjoie, une pépinière magnifiquement architecturée par un créatif, là, une boutique d’architecte d’intérieur totalement inattendue, une bouquinerie authentique sous des arcades, et encore et encore…

Alors laissons-nous porter au gré de l’Ariège !
Magali Aimé

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Le tourisme fluvial est en pleine croissance

 

 

Bateau de plaisance près de l’écluse de Villepinte
sur le canal du Midi

6 700 kilomètres et 4 000 ouvrages d’art
Initialement dédiés au transport de marchandises, les canaux, rivières, fleuves sont de plus en plus appréciés comme des espaces de détente et de loisirs. Face à ce constat, on s’aperçoit que le tourisme fluvial qui désigne la navigation de plaisance, croisières et promenades à bord de bateaux à moteur, privés ou de location, connaît un véritable essor. Sachez également que dans l’appellation « tourisme fluvial » on peut englober le nautisme de proximité (canotage, pêche en barque, canoë-kayak, aviron) ou de ski nautique, de pêche, de plongée, de randonnée pédestre ou à vélo, de camping dans, bien évidemment, l’environnement immédiat d’un cours d’eau dont l’influence est manifeste sur la pratique touristique.

Tout cela pour vous annoncer que le tourisme fluvial en France connaît une croissance de son activité qui réjouit VNF (Voies Navigable de France) en charge du réseau (entretien et exploitation) sur notre territoire qui avec 6 700 kilomètres et près de 4 000 ouvrages d’arts (écluses, barrages, pont-canaux) est de loin le premier réseau navigable d’Europe.

En effet, et à l’image des bons résultats de l’activité touristique dans notre pays en 2018, 11,3 millions de passagers ont été embarqués en 2018 (+ 2% par rapport à 2017) ce qui permet à ce secteur de reprendre des couleurs après les difficultés rencontrées en 2016 (crues et attentats).

La Seine et le Rhin « leaders »
L’Ile-de-France avec les croisières sur la Seine à Paris assurées par de nombreuses compagnies de bateaux touristiques dont la plus connue est la Compagnie des Bateaux Mouches connaît une dynamique sans précédent et représente 71 % de l’activité de cette filière.

Tout juste derrière cette région, fort est de constater que les croisières sur le Rhin font un véritable bon en avant puisque ce fleuve a transporté 48 % des passagers ayant profité d’une croisière fluviale dans notre pays, soit 221 900 personnes pour être précis. D’ailleurs, pas moins de 133 bateaux ont fait escale à Strasbourg.

Plaisance sur le canal des Ardennes près d’Asfeld

La location des bateaux habitables séduit de plus en plus
Le tourisme fluvial est composé de quatre filières principales : les croisières fluviales (produits clés en main pour découvrir un territoire ainsi que toutes les spécialités culturelles et gastronomiques, mais également historiques) à bord d’un paquebot fluvial de 50 à 130 personnes ou une péniche-hôtel pouvant accueillir jusqu’à 50 personnes), les bateaux-promenade (pour des croisières de quelques heures), la location de bateaux habitables qui est un bateau de moins de 15 mètres équipé de couchages que l’on peut louer sans permis et la plaisance privée dont les bateaux appartiennent aux particuliers.

Parmi ces quatre filiales, la location des bateaux habitables prend de plus en plus d’ampleur et dans ce secteur la région Occitanie arrive en tête. Il est vrai que le canal du Midi, qui relie Toulouse à la mer Méditerranée, offre une telle variété durant les 241 kilomètres de son parcours que nombreux sont les touristes à emprunter le canal. Malgré la fermeture de ce dernier mi-octobre 2018 suite aux inondations dans l’Aude, près de 10 % de contrats ont été vendus en plus.

Bateaux de plaisance sur le canal des Ardennes
près de Pont a Bar et La Cassine

L’électrique un axe de développement
Même si tous les clignotants sont « au vert » pour le tourisme fluvial, du côté de VNF on est conscient que des destinations touristiques restent encore sous exploitées en matière de tourisme fluvial comme le canal latéral de la Garonne, la Saône en amont de Lyon, le canal du Rhône. Voilà autant d’axes que VNF va s’attacher à développer tout comme les croisières fluviales en bateau habitable à propulsion électrique… sans permis.

Dominique Roudy
Photos VNF-D.-Gauducheau

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Petit Conte de Noël

Comme le disait George Sand dans «Les lettres d’un voyageur» :«Le parfum de l’âme, c’est le souvenir».

Les êtres humains sont faits de souvenirs qui les déterminent et les construisent, qui retracent les racines et dessinent le devenir. Capricieux, ils nous amènent à un moment du passé : une voix, une odeur, un son, une époque marquée par la tristesse ou la joie.
Par ces temps difficiles d’insécurité, il est bon de savoir renouer avec nos souvenirs d’enfance. Plus nous nous concentrons sur ce qui nous est arrivé de positif dans notre vie, plus nous rechargeons nos batteries d’énergie positive. Cette énergie positive nous fait nous sentir bien, et augmente également notre capacité à réagir aux événements négatifs.

Il était une fois dans un petit village …
Ma famille est originaire d’Alsace et j’ai eu la chance de pouvoir grandir dans le beau village de Gumbrechtshoffen-Niederbronn où serpente paisiblement la rivière Zinsel. Mon enfance à cette période de l’année, est rempli de saveurs et d’odeurs… Celle de la levure, le dimanche matin …
Je me revois encore en cette année 1971, jouant dans le grand salon familial, pendant que ma mère, les mains blanches de farine, nous préparait le tradionnel Kougelhopf. Habillée en cuisinière, elle savait nous régaler de Bredeles, Manneles, Berewecke, Lammele (que les Haut-Rhinois prononcent Bredalas, Mannalas, Berawecka, Lammala) et autres délices, le tout accompagné de Confiture d’églantine maison.
Mon père, un rude gaillard, dont les travaux aux champs à la ferme de l’oncle Hans avaient forgé le caractère, alimentait le Kachelofe (ou Kochlofa) qui traduit littéralement, signifie « poêle recouvert de carreaux ».
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Malgré son climat semi-continental, L’Alsace se couvrait alors d’un beau manteau blanc, les hivers étaient rigoureux (-23.2°C à Strasbourg le 2 janvier), la vie des hommes était rythmée par le cycle des saisons et non par les notifications de nos smartphones et les masques faisaient rire les enfants et ne faisait pas peur aux adultes.

C’était une époque différente que je vous invite de découvrir en visitant l’Écomusée d’Alsace dans la commune d’Ungersheim qui regroupe, sur 15 hectares, 75 bâtiments représentatifs de toute l’Alsace du début du 20ème siècle : des demeures à colombages ou en pierre, une mairie, une école, une chapelle, une gare, ainsi que des bâtiments utilitaires tels que granges, étables, séchoirs, fumoirs et même une scierie avec sa roue à augets … Le musée est malheureusement actuellement fermé en raison de la conjoncture jusqu’au 1er avril 2021.

A la recherche du Père Noël …
Après la messe dominicale, lorsque nous étions sages, nous nous rendions de temps en temps à Strasbourg pour visiter son magnifique marché de Noël.
Depuis tout petit, j’ai adoré l’ambiance festive des marchés de Noël. Le fameux Christkindelsmärik (marché de l’Enfant-Jésus) de la place Broglie est le plus ancien marché de Noël de France, et l’un des plus réputés. La tradition remonte à 1570… Le bus nous déposait alors place Kléber ou se dressait fièrement un superbe sapin géant. Puis on marchait jusqu’au quartier de la cathédrale. Et tout à coup, notre chemin s’illuminait ! Nos yeux d’enfants étaient ébahis par les lumières qui éclairaient les magasins et chalets de Noël décorés de rennes, d’anges et de sapins. Au milieu de lumières scintillantes et multicolores, on y exposait les cadeaux les plus convoités : des artisans de la France entière, tels les rois mages, venaient y exposer des objets variés destinés aux fêtes de fin d’année. On vivait alors dans un monde magique, un rêve éveillé. C’était là, à ce qu’on disait, que se tenait le véritable Père Noël.
En fin de journée, comblés, épuisés et frigorifiés, tandis que je me réchauffais les doigts engourdis contre une bonne tasse de chocolat chaud, j’observais avec curiosité, les adultes agglutinés autour d’un chaudron fumant aux effluves de miel et d’épices se mêlant avec gourmandise aux écorces d’agrumes. J’étais, malheureusement, trop jeune pour goûter à cette potion magique qui redonnait les couleurs que le froid avait effacé de leurs visages, mais cela n’a fait que renforcer ma détermination de percer, un jour, le secret de cette recette, surement transmise de bouches à oreilles de druides depuis des temps ancestraux…

Jeux de Vins, jeux de Malins
L’origine remonte aux premiers vins dits « épicés » et dont l’élaboration et la consommation datent de l’époque romaine dans le but «thérapeutique» de faciliter la digestion après des orgies quelque peu trop festives (ils avaient effectivement l’amphore facile). Le vin chaud se prénommait « Conditium Paradoxum », et contenait principalement du miel, du poivre, du laurier, des noix et des dattes. Ces ajouts et épices permettaient au vin d’être conservé plus longtemps sans s’oxyder. Une boisson fort différente de celle que l’on trouve de nos jours sur nos marchés.

Pour retrouver une préparation se rapprochant de celle que l’on consomme il faut attendre le Moyen-âge. Au XIII° siècle, la ville de Montpellier est réputée pour la préparation de vins épicés et son commerce.Ville portuaire, les épices arrivaient d’Orient et notamment l’épice reine des vins épicés : le clou de girofle. Ce vin chaud plus sucré était aussi appelé « Hypocras ». Par la suite, de nouveaux ingrédients se sont ajoutés comme la cannelle, la cardamome ou les agrumes, découverts lors des grandes explorations. Puis la mode envahit progressivement l’Europe et notamment les cours des rois scandinaves. Grand amateur, le roi de Suède Gustave 1er développe la tradition du vin chaud dans son pays. A partir du 17e siècle, cette boisson aristocratique devint populaire et prit le nom de Glögg (vin chauffé) et l’engouement fut tel que le roi de Suède tenta de mettre un frein à sa consommation. Mais la mode était lancée et se répandit aux pays germaniques et à l’Europe centrale, là où il fait plus froid en quelque sorte.
Début du 20°siècle, la tradition s’amplifia lors de la période de Noël et comme toute tradition, chaque pays possède sa propre recette. La préparation la plus populaire du vin chaud est réalisée avec une base de vin rouge tandis qu’en Suède, il est à base de vin blanc.
Comme le disait ma grand-mère en me confiant sa recette le jour de mes 18 ans, «l’important est de préparer son vin chaud avec amour et du vin aussi»

Allez, g’sundheit !

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NOËL et les 13 desserts en Provence

Ancienne et forte tradition en Provence, les 13 desserts font partie du rituel de Noël qui se déroule au sein même des familles.
Mais d’ou vient cette tradition à laquelle les provençaux tiennent beaucoup ?

Et qu’y a t il en fin de repas sur la table de Noël ?

En Provence, le Noël traditionnel commence dans les familles le 4 décembre avec la fête de la Sainte Barbe. Dès cette date, les provençaux installent la crèche.

Augures des grains de blé et des lentilles
C’est aussi le moment de faire germer quelques grains de blé ou lentilles dans des soucoupes dont le fond est tapissé de mousse ou de coton, humectés régulièrement. Le
25 Décembre, si les grains ont donné de beaux germes, la récolte de l’année sera bonne, sinon on fera disette. De nos jours, une bonne germination est un signe de chance et de réussite pour l’année à venir. Quoi qu’il en soit, le blé germé doit figurer sur la table de Noël.

Le gros soupé, les trois nappes et les 13 desserts
La nuit de Noël est marquée par deux évènements majeurs : la messe de minuit et le « gros soupé » terminé par les 13 desserts.
En principe le repas est pris au retour de la messe, mais il arrive aussi qu’on le commence avant et qu’on s’interrompe avant les desserts pour aller à la messe. L’essentiel en Provence est de faire un beau souper : c’est un repas maigre, c’est à dire sans viande, ce qui n’exclue ni l’abondance ni la qualité.
La tradition ne fixe pas la composition du souper, mais un minimum de sept plats est toutefois requis, référence aux sept plaies du Christ. Cette même tradition est en revanche très précise sur l’agencement de la table : en particulier, on la recouvre de trois nappes blanches représentant la trinité, et l’on y dispose trois cierges, le blé de la Sainte Barbe, un gros pain et douze petits, ainsi qu’en fin de repas, les fameux 13 desserts. Il arrive que l’on prévoit une place à table et une part de plus, «la part du pauvre», pour le cas où une personne démunie frapperait à la porte. Le « gros soupé » et les desserts qui portaient alors le nom de «calenos», ont sûrement une origine très ancienne.
Les desserts ont de tous temps été abondants, reflétant l’aisance des familles, mais ce n’est qu’au début du XXème siècle qu’ils sont présentés au nombre de 13, en référence à la cène.

Aujourd’hui, la tradition des 13 desserts perdure dans nombre de familles provençales. Ce nombre 13 peut toutefois n’être qu’un nombre minimal, les gourmands étant légion lors des fêtes de Noël… Tout le monde s’accorde cependant sur une liste de huit incontournables, sorte de « tronc commun » qui assure un lien de tradition d’une famille à l’autre.

Les «mendiants» :
Parmi eux, figure le groupe des « mendiants »: chacun d’eux est censé évoquer un ordre monastique. Les amandes pour l’ordre des Carmes, les figues pour celui des Franciscains, les raisins pour celui des Dominicains, et enfin les noix et les noisettes pour celui des Augustins.

La pompe à l’huile : cette spécialité très provençale est un pain brioché plat, fait à l’huile d’olives, généralement parfumé à la fleur d’oranger et parfois à l’anis. On ne la coupe pas, on la rompt comme fît Jésus avec le pain de son dernier repas.

Les nougats : le blanc qui symbolise le bien et le noir qui symbolise le mal.

Les dattes apportent une touche d’exotisme : elles rappelle que le Christ est venu d’orient et évoquent les rois mages. Elles sont parfois farcies de pâte d’amande.

En plus de ces huit desserts de base et incontournables, chaque famille est libre de compléter à treize la composition, selon ses goûts, mais en restant dans un certain style Provence. On pourra par exemple placer sur la table les navettes de Marseille, sorte de biscuits parfumés à l’anis, les calissons d’Aix, des fruits confits, des
pruneaux, ou encore des fruits de saison : oranges, mandarines, pommes, poires, raisin…
Aujourd’hui, la gourmandise, l’imagination et le sens de la fête conduisent à accompagner les 13 desserts traditionnels, d’autres desserts qui, s’ils n’ont rien à voir avec
la tradition, n’en sont pas moins délicieux.
Les ressources de la cuisine étant inépuisables, il serait vain d’en dresser une liste. Peu importe, les 13 desserts et ceux qui viennent s’y ajouter apportent une vraie note de
douceur pour la nuit de Noël et pour les jours suivants. Car chaque jour suivant Noël, on retire successivement une nappe de la table et il est de tradition que les treize desserts et leurs compagnons surnuméraires éventuels, restent en place pendant ces trois jours afin que toutes les personnes présentes dans la maison puissent y goûter.

Il revient ainsi à ces douceurs de prolonger les joies de Noël.

Texte et Photo : François Millo

Recette de la Pompe à l’Huile
Ingrédients :
– 250 g. de farine de blé
– 60 g. de sucre fin
– 10 g. de levure de boulanger
– 2 œufs
– 8 Cuillères à soupe d’huile d’olive
– un verre de lait
– Fleur d’oranger, zeste d’orange, zeste de citron à convenance
Préparation :
– Emietter et délayer la levure dans un demi verre d’eau tiède : ajouter de la farine et faire un pâton bien mou. Filmer et laisser lever à température ambiante.
– Verser la farine dans un saladier, saler et mélanger. Dans un trou fait au centre, ajouter les œufs un peu battus, le sucre, l’huile d’olive, l’eau de fleur d’oranger et les zestes selon votre goût.
– Mélanger doucement ces ingrédients en partant du centre, puis incorporer le levain. Pétrir jusqu’à obtenir une pâte homogène en boule. Filmer et laisser reposer pendant plusieurs heures à température ambiante, la pâte doit doubler de volume. Placer ensuite la pâte au réfrigérateur pendant une nuit.
– Le lendemain, étaler la pâte pour lui donner une épaisseur de 1 à 2 cm. La forme est à votre convenance : si une seule pompe est trop grande pour votre four, vous pouvez séparer en deux ou plusieurs pompes. Leur forme est généralement ronde ou ovale. Inciser en surface, en forme d’étoile, et laisser reposer une heure.
– Préchauffer four à 180, badigeonner la surface de la pompe avec le lait, et enfourner pour une cuisson d’environ 25 minutes, la surface devient dorée. Retirer du four, badigeonner cette surface avec de l’huile d’olive.
La pompe à l’huile se consomme tiède.

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HUNSPACH Histoire d’un village alsacien aux carreaux parfois bombés

Hunesbach et les Puller Hohenbourg
Le nom de Hunspach apparaît assez tardivement, au XIIIe siècle : sous la forme Hunesbach. Le village est alors un fief du Saint Empire romain germanique, tenu par les Puller de Hohenbourg dont le château coiffe encore l’un des sommets au nord de Lembach. A leur extinction au XVe siècle, Hunspach passe à l’Electeur palatin, puis, en 1504, l’empereur Maximilien le remet aux ducs de Deux-Ponts qui l’intègrent au bailliage de Cleebourg. Ils le conservent jusqu’à la Révolution, non sans avoir dû accepter la souveraineté du roi de France en 1680.

Pendant la guerre de Trente Ans, les troupes impériales catholiques, ennemies du duc, protestant, incendient et rasent le village en 1633. Après la paix de 1648, pour repeupler le village et en relever les ruines, le duc fait appel à des colons des cantons suisses, de la même confession que ses sujets, sous des conditions favorables (exemption temporaire des impôts, attribution des terres vacantes). Leurs patronymes se sont perpétués jusqu’à nos jours dans la population.

Les annexions allemandes
Les deux siècles suivants assurent au village une certaine tranquillité et la prospérité. Le chemin de fer s’arrête en gare de Hunspach. L’annexion allemande de 1871 à 1919 ne modifie pas la vocation agricole des habitants et fait bénéficier le village de travaux d’assainissement. De 1914 à 1918, il accueille des réfugiés de Sondernach, en vallée de Munster, chassés par les combats. Ses habitants sont évacués en 1939-1940 à Folles (Haute-Vienne) et subissent ensuite les affres de l’annexion de fait par le Troisième Reich.

La Réforme
Au plan religieux, Hunspach dépend au Moyen Age du diocèse de Spire. Les Deux-Ponts introduisent la Réforme luthérienne en 1530. En vertu de la règle en vigueur dans l’Empire, cujus regio, ejus religion, tel prince, telle religion, tous ses sujets doivent le suivre. Cependant, en 1588 il opte pour la Réforme calviniste et du jour au lendemain, tous ses sujets en font autant. L’apport des immigrés suisses vient ensuite renforcer ce courant, encore majoritaire dans le village aujourd’hui.

Entre architecture et costume traditionnel
L’église ou temple a été reconstruite en 1756 -1757, son clocher rebâti en 1874. L’orgue date de 1782. La mairie, ancienne école, est plus récente : 1868-1869. La rue Principale présente les plus belles maisons à pans de bois, toutes blanches, pignon sur rue, avec le K aux angles, propre à l’assemblage de cette région. Auvents, fenêtres aux carreaux parfois encore bombés, bâtiments utilitaires formant un U autour de la cour, pavée à l’origine, caractérisent les fermes cossues des paysans aisés. Les maisons des journaliers, plus simples et modestes, sont de même style. Les anciennes auberges Au Cerf et A la Couronne arborent de remarquables enseignes. Enfin des puits à balancier, Schwenkelbrunnen, typiques de l’Alsace du Nord complètent, cà et là, le décor. Le tout est, bien sûr, abondamment fleuri.
Le costume traditionnel des femmes ne comporte pas le grand nœud noir bien connu, mais une coiffe, sorte de bonnet agrémenté de rubans, et pour les hommes un bonnet noir, assez haut de forme, à la couronne renforcée, comme on peut les voir sur les portraits peints par Louis Philippe Kamm ou encore sur les deux peintures murales de Tinsel à la mairie.

A visiter au plus tôt!

Texte: Christian Woff
Photographies: Eric Mayer-Schaller

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Eloge du voyage pédestre

Il y a plusieurs sortes de voyages.

Il y a les voyageurs qui partent à la découverte de nouveaux pays, paysages, populations, cultures jusqu’à alors plus ou moins inconnus.

Certains sont à classer parmi les voyageurs frénétiques, les collectionneurs qui additionnent les déplacements pour pouvoir dire « j’ai vu tant de pays, parcouru tant de kilomètres ». Le tour du monde en quelques semaines, marathon qui relève de l’exploit sportif.

Il y a aussi les voyages redécouverte, introspection, retour sur soi, sur ses souvenirs. Ils exigent une certaine lenteur.

Les pèlerinages en font partie.

Les chemins de Saint Jacques de Compostelle, qu’ils soient réelle quête spirituelle ou non, en sont l’exemple le plus célèbre.

Il en est d’autres plus personnels, plus originaux.

Suivant les conseils énoncés dans mon billet d’humeur écrit au début du confinement, j’ai parcouru ma bibliothèque.

J’y ai retrouvé un livre de poche acheté au hasard d’un passage en librairie. « Remonter la Marne » de Jean-Paul KAUFFMANN, (Fayard 2013)

Cet ancien journaliste a appris pendant ses trois ans de captivité dans les geôles du HEZBOLLAH la valeur de la vie intérieure.

Son livre raconte la réalisation d’un projet pour le moins surprenant : remonter de la mégalopole parisienne le cours de la Marne jusqu’à sa source sur le plateau de Langres. Traverser une France qui n’attire pas le touriste et se bat pour ne pas mourir. La France périphérique des journalistes d’aujourd’hui.

Jean-Paul KAUFFMANN n’est pas parti le guide vert ou le Routard en poche. Il a pris pour compagnon de route « Chemin faisant » de Jacques LACARRIERE. Il n’y a pas trouvé d’indication de lieux, de directions pouvant l’aider dans son cheminement. Pour cela il avait les cartes de l’IGPN !

Ce livre était pour lui un guide « spirituel » le ramenant à l’esprit de son aventure. Ce « journal d’un errant heureux » constitue en effet une invitation au vrai voyage, celui où on sait s’arrêter, écouter, observer.

Choisir de remonter la Marne jusqu’à sa source est une remontée dans le temps, C’est vouloir retrouver des paysages que la modernité n’a pas chamboulés, des hommes et des femmes qui vivent leur vie loin de la frénésie des grands centres urbains.

La Marne s‘appelait à l’époque gallo-romaine « MATRONA » la mère nourricière. Pendant longtemps elle a été, comme beaucoup de rivières, une voie de communication source de richesses. Plus tragiquement, elle est associée à une des grandes batailles de la première guerre et à d’autres faits d’armes aujourd’hui oubliés.

Il y découvre des paysages agressés par une modernité laide. Il passe sous le pont de la Francilienne « monstre rugissant qui s’élève au-dessus d’un paysage de voies ferrées, de quais de déchargement, d’amoncellement de sable de détritus… ».

Endroit où la rivière, aux confins de la région parisienne, est « assiégée » et mène « un combat d’arrière-garde »

Mais aussi des lieux pleins de charme, la rivière en remontant son cours gagnant finalement son combat contre la modernité ou peut-être ne l’ayant pas encore perdu.

Partout l’histoire, la grande mais aussi la petite, affleure. Il la ressent et en recherche les traces jusqu’à celles de son enfance à Vitry-le-François

Au-delà de Chaumont il erre longtemps dans ce « grand pays désert, un royaume inviolé » du plateau de Langres pour découvrir la source ou plus exactement les sources de la Marne en essayant de ne pas perdre la trace de ce petit ruisseau qui en nait et qui deviendra cette opulente rivière qui aurait pu devenir un fleuve si la Seine ne lui avait pas ravi la prééminence.

Les contrées traversées, malgré la faible densité de leurs populations, ne sont pas des déserts humains.

Le marcheur y rencontre de gens originaux mais aussi plus « normaux », des ambitieux, des passionnés comme des passéistes qui se sont retirés du monde qui les entoure.

Il s’arrête chez une artiste qui vit sur une ile au milieu de la rivière, retrouve un ami qui l’accompagne un temps, un jeune asiatique étudiant les méandres de la rivière, parcourt la rivière avec un Maître des Eaux, « un homme taiseux, présence singulière, une tranquillité dense, inamovible » …

Bien d’autres personnages pourraient être évoqués.

Toute cette accumulation de sensations, d’échanges, de réflexions n’a été possible que grâce à la lenteur du déplacement pédestre qui permet de voir, d’entendre de réfléchir.

Le paysage ne défile pas, au contraire il enveloppe le marcheur, lui impose son rythme fait du cours des eaux, de celui des nuages dans le ciel et du vent dans les arbres.

Que de moments de grâce qui font oublier la fatigue, le froid, l’humidité, les ampoules aux pieds…

Certes Jean-Paul KAUFFMANN n’a pas fait preuve d’originalité en relatant sa randonnée. Beaucoup d’auteurs, comme LACARRIERE l’ont précédé dans ce genre littéraire et le suivront.

Le généticien Axel KAHN, pour ne citer que lui, (« Pensées en chemin : ma France, des Ardennes au Pays Basque » Stock 2018) a aussi chaussé ses chaussures de marche pour traverser la France en diagonale à la rencontre des français oubliés qui vivent loin des métropoles parfois dans des régions frappées par la désindustrialisation.

Cependant son objectif était plus sociologique et son périple comme ses rencontres plus organisés alors que Jean-Paul KAUFFMANN, lui, ne cherchait pas ces dernières préférant les cueillir au hasard du chemin.

Je suis sûr que vous pourriez citer de nombreuses autres lectures retraçant de tels périples (je pense notamment à nos lauréats 2019 Pierre ADRIEN et Philibert HUM « Le tour de France de deux enfants d’aujourd’hui » (en voiture toutefois !).

Mais j’espère vous avoir donné l’envie de lire ou de relire : « Remonter la Marne ».

Denis ATZENHOFFER