
En passant par la Lorraine
Nancy-Lima histoire d’un voyage de retour.
Les Européens, diplomates, colonisateurs ou simples touristes ont depuis des temps immémoriaux rapporté chez eux des objets et des œuvres d’art produits par les civilisations qu‘ils découvraient. Nos musées et bien des collections particulières en sont pleins. Aujourd’hui leur retour est réclamé et cette revendication se heurte à des oppositions. Elle est parfois même source de conflits diplomatiques.
L’Odyssée d’un tissu péruvien en passant par la Lorraine : histoire d’une restitution
L’exemple le plus célèbre étant les frises du Parthénon acquises par un diplomate anglais de l’occupant ottoman. Il arrive cependant qu’un pays se voit offrir généreusement le retour d’une œuvre dont il ignorait même l’existence. C’est ce qui vient de se passer à Nancy.
Il y a cinquante ans un jeune homme accompagné d’amis est parti à la découverte du Pérou. Pendant deux mois et demi, les compères ont sillonné ce pays un sac à dos pour tout bagage. Amateur de paysages, de rencontres et de découvertes culturelles de ce merveilleux pays, dont tout lecteur de Tintin a rêvé, notre jeune nancéen était soucieux de rapporter un souvenir de son périple. Ainsi il s’est vu proposer, pour une bouchée de pain, dans une arrière-boutique de Trujillo une étoffe, apparemment ancienne, typique de l’artisanat local aux dessins géométriques et aux couleurs un peu fanées. Son pécule de voyage lui permettant cette « folie », il a rapporté ce bout de tissu en Lorraine pour décorer son intérieur.
Un voyageur soucieux du patrimoine
Les années passant, conscient qu’il s’agissait sans doute d’un morceau de linceul, vraisemblablement issu du pillage d’une tombe, il a trouvé illégitime de le conserver égoïstement ou à plus forte raison d’en tirer profit en le vendant.
A qui devait revenir cet artefact, si ce n’est au pays de celui dont il avait enveloppé la momie ? Il a alors pris contact avec les autorités consulaires péruviennes en France et vient de leur remettre ce qui s’est révélé, après analyses scientifiques, être un tissu de la civilisation Chancay (entre 1000 et 1470 après J.C.) qui a précédé les Incas et bien évidemment la conquête espagnole.
Que ce beau geste serve d’enseignement à tous les amateurs de civilisations lointaines.
Elles méritent d’être découvertes et étudiées mais non d’être dépouillées !